« Je ne peux vivre sans amour. S’il n’y avait plus un seul humain, j’aimerais une plante, un bouton de porte. » disait Picasso.
Deux muses à l’influence créatrice importante
Marie-Thérèse Walter (1927-1935)
Durant ce confinement, je pars à la recherche de toutes les revues d’Art que je n’avais jamais eu le temps de lire. J’ai eu l’opportunité de parcourir cet article destiné à « Picasso et les joies de la paternité » écrit par Pierre Cabane dans L’œil sur « Picasso intime » paru en mai 1974. Ce dernier a eu la chance d’interroger Marie-Thérèse Walter avec qui le peintre a vécu de 1927 à 1935.
Elle lui a raconté « son » Picasso « qui n’est pas le peintre célèbre, mais l’homme à la fois tendre et impitoyable amant et bourreau, paradoxal et imprévu avec ses grandeurs ses petitesses et son fantastique génie créateur. »
Leur rencontre ?
Elle l’a rencontré alors qu’elle n’avait que dix-sept ans et il s’est adressé à elle en ces termes « Mademoiselle, vous avez un visage intéressant. Je voudrais faire votre portrait. » Il a ajouté « Je sens que nous ferons de grandes choses ensemble ».
Comment était sa vie avec lui ?
« Tout à fait exaltante. Couverte d’amour, de baisers, de jalousie et d’admiration. ». Ce à quoi elle ajoute qu’il a passé sa vie à lui dire « Ne ris pas, ferme les yeux. ».
Ont-ils eu des enfants ?
Ensemble, ils ont eu Maya (née en 1935) et lorsque Picasso a appris qu’il allait être père « il a pleuré de bonheur et de joie » a confié Marie-Thérèse Walter.
Comment était-elle représentée ?
La référence à cette muse a imprégné toutes les formes d’expressions, avec une intensité rare. Il a représenté une quantité impressionnante de portraits de sa muse blonde notamment dans son jardin, en baigneuse.
Une œuvre connue qui la représente ?
« Le Rêve » de 1932.
Mais cette relation n’a pas toujours été vue comme un rêve pour Marie-Thérèse Walter qui a subi les infidélités du Maître avec Dora Maar.
Dora Maar (1935-1943)
En 1935, il confie à l’éditeur Christian Zervos : « Pour mon malheur, et ma joie peut-être, je place les choses selon mes amours. »
Qui était-elle ?
Dora Maar de son vrai nom (1935-1943) était photographe et peintre surréaliste.
A-t-elle eu une influence artistique important et comment la représentait-il ?
Elle entre dans l’œuvre de Picasso vers 1938. Cette période artistique ne peut nullement être détachée du contexte historique. Les événements politiques qui ont profondément marqué l’Espagne, puis l’Europe entière, transparaissaient dans ses œuvres «des années Dora Maar ». Si la belle Fernande Olivier avait été témoin d’un des plus grands tableaux du Maître, « Les demoiselles d’Avignon », Dora Maar, elle fut notamment témoin de « Guernica ». Il la représentait souvent avec un air réfléchi et soucieux, le regard insistant, presque dur.
Après sept ans de relation, il la quitta pour Françoise Gilot qu’il rencontra en 1943.
Dernières relations de sa vie
Françoise Gilot (1943-1953)
Si Fernande Olivier avait écrit « Les amis de Picasso », François Gilot quant à elle a livré les circonstances de leur rencontre, sa vie avec lui, ses colères, son inconstance dans « Vivre avec Picasso ».
Les circonstances de leur rencontre ?
« J’ai rencontré Pablo Picasso en mai 1943, pendant l’occupation. J’avais vingt et un ans, et je sentais que la peinture serait ma vie. Une amie de pension, Geneviève(…) passait un mois chez mes parents. J’étais allée diner chez elle et l’acteur Alain Cuny, un mercredi, dans un petit restaurant de la rive gauche, Le Catalan, rue des Grands-Augustins. ».
Alors qu’il était en compagnie de l’égérie des surréalistes mais également avec sa compagne de l’époque, et d’autres amis ainsi que Dora Maar, il ne manqua pas d’inviter la belle Françoise et son amie à venir visiter son atelier, invitation à laquelle elles répondirent. Françoise qui elle était elle-même peintre réitéra ces visites mais seule cette fois-ci. L’intimité de ces visites à l’atelier se transforma peu à peu en vie conjugale.
Sa vie avec lui ?
Elle confit notamment « Une de mes tâches les plus ardues était de sortir Pablo du marasme où il était plongé chaque matin. Il y avait des rites à suivre, une sorte de litanie à répéter certains jours avec plus d’insistance que d’autres. »
Elle lui fit connaître les joies de la paternité en lui offrant deux enfants, Claude et Paloma. Picasso a beaucoup représenté sa muse accompagnée de ses enfants.
Une exposition qui a eu lieu au Puy-en-Velay retrace les œuvres du Maître sur la maternité.
Leur relation tumultueuse s’est achevée car Picasso rencontra celle qui finira ses jours avec lui : Jacqueline Roque.
Jacqueline Roque (1953-1973)
Elle fut la seconde « Madame Picasso ». Une grande différence d’âge existait également entre eux.
Comment se sont-ils rencontrés ?
Françoise Gilot raconte « Longtemps avant que je quitte Pablo, Madame Ramié, qui savait que les choses n’allaient pas très bien entre nous, avait même trouvé d’autres moyens d’ajouter à la confusion générale. Pendant l’automne 1952, elle avait engagé une de ses jeunes cousines, Jacqueline Roque, comme vendeuse à la poterie. ».
Source d’inspiration importante ?
Ces années en sa compagnie sont un « véritable hymne à l’amour, à la création, à la sensualité. ». Il réalisa plus de quatre cents portraits d’elle.
Souvent plus jeunes que Picasso, qu’elles soient modèles, artistes, ballerine, toutes ont eu un rôle important de la vie personnelle et artistique de Picasso. Souffrance, jalousie, infidélités, déchirements mais aussi amour, créativité, bonheur, paternité ont rythmé la vie amoureuse du Maitre et de ses muses.