Henri Matisse (1869-1954), chef de file du fauvisme s’inspire d’autres artistes comme Poussin, Ingres, Rodin ou encore Cézanne. A partir de 1916, il passe ses hivers sur la Côte d’Azur et quelques années plus tard, il déménage à Nice où il capte la lumière du Midi et travaille beaucoup sur le thème du corps féminin multipliant odalisques et intérieurs. Il exalte les femmes, la musique, le rêve, la nature, la danse en peintures, en sculptures, gravures ou encore en céramiques.
Le motif de la danse habite le peintre pour la première fois lorsqu’il peint « La joie de vivre » en 1905-06 à son retour de Collioure. Pour cette toile, il se souvient des paysans qui dansaient la Sardane, tradition catalane sur les plages et représente des personnages oisifs et joyeux qui évoluent dans une nature idyllique. Les influences de Gauguin pour les couleurs mais aussi d’Ingres pour la composition se font ressentir.
Si Matisse a représenté La joie de vivre en se souvenant de la Sardane sur les plages de Collioure, il s’est également inspiré des farandoles montmartroises pour réaliser La Danse pour une commande d’un célèbre collectionneur, Chtchoukine pour laquelle il n’a manqué pas de reprendre le motif central de la ronde de La Joie de vivre.
En 1909, Sergueï Chtchoukine, célèbre collectionneur russe lui commande, un diptyque La Danse, La Musique pour sa maison moscovite un panneau décoratif sur le thème de la danse.
Dans ses entretiens avec Jean Charbonnier, publiés en 1960, Matisse nous éclaire sur sa source d’inspiration, que nous connaissons bien puisqu’il est situé à deux pas de DALI PARIS, le Moulin de la Galette : « Lorsqu’il m’a fallu composer une danse pour Moscou, j’ai simplement été au Moulin de la Galette le dimanche après-midi, si bien que toute la composition, tous les danseurs sont d’accord et dansent sur le même rythme. »
Les corps des personnages sont réduits à l’essentiel, ils sont presque androgynes et la couleur de leur peau est uniformisée, en ocre. Le Peintre du Midi marque ici une rupture avec la représentation classique et équilibrée de la danse comme celle traduite par exemple par Degas.
Après avoir représenté La danse en peinture, il répond à une autre commande où il se confronte désormais à l’art de la fresque.
De 1930 à 1933, il s’attèle de manière quasi-exclusive à une œuvre monumentale commandée par le mécène Barnes. Traduire cette discipline sur la fresque n’a pas été aisé : « La première tentative fut un échec (…) L’élément humain est atténué au profit de sa traduction en termes d’architecture : les nymphes dansent moins mais la composition danse plus ».[1]
Matisse a représenté la danse en peintures, en fresques murales ou encore en sculptures et a constitué un véritable point d’orgue dans son œuvre.
[1] Gilles Néret, Matisse, Taschen, 2002