Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de Marcel Duchamp né en 1887 à Blainville-Crevon, village situé en pleine campagne normande, la culture est vraiment partout…Tout comme lui, je viens de là-bas. C’est grâce à son grand-père, Émile Frédéric Nicolle, artiste-peintre et graveur reconnu qu’il a baigné dans le milieu artistique dès son enfance. C’est lui qui lui a enseigné les rudiments de l’art ainsi qu’à ses frères et sœurs devenus eux aussi artistes. Jacques et Suzanne étaient peintres, Raymond sculpteur.
Le jeune Marcel a fait ses études dans la ville aux Cent Clochers, Rouen puis il est parti pour la capitale en 1904. Il s’est installé à Montmartre, plus précisément au 71 rue Caulaincourt. C’est à cette époque qu’il découvre le dessin humoristique.
De 1911 à 1914, ses frères et lui adhèrent au groupe Section d’or à Puteaux. Ils y retrouvent notamment Apollinaire ou encore Picabia qui va devenir l’un de ses grands amis.
En 1912, il peint Nu descendant un escalier, « une toile cubo-futuriste »[1]. La deuxième version de celui-ci provoque un scandale à l’Armory Show de New-York. L’année 1913 fut marquée par la première version d’une œuvre incontournable dans l’histoire de l’art : Roue de bicyclette qui n’avait au départ absolument rien de sérieux. L’artiste s’exprime en ces termes sur son sujet : « Quand j’ai mis une roue de bicyclette sur un tabouret la fourche en bas, il n’y avait rien de ready-made ou même de quelque chose d’autre, c’était simplement une distraction ».[2]
En 1915, il quitte Paris pour se fixer à New-York et fait part du choc très net qu’il a éprouvé en y arrivant en tant qu’individu qui vient d’un « patelin », c’était pour lui une « manière de sortir de sa fabrication française »[3]. À cette période, il s’écarte un peu de la peinture pour s’attaquer aux célèbres Ready Made.
En 1917, il modèle une autre œuvre très connue et provocatrice, la Fontaine sur laquelle il apparaît sous le pseudonyme de R-Mutt.[4]. Dans celle-ci, l’artiste donne une place toute particulière à l’humour.
Alfred Stieglitz, Fontaine de Duchamp, 1917
Par la réalisation de ses objets, il sort de l’ordinaire, se pose comme unique, révolutionnaire dans l’art. Eléments de bicyclette, porte-bouteilles, urinoir sont des renonciations à l’esthétique, au style et au goût. Il impose une nouvelle manière d’aborder l’art. Il veut mettre fin à la beauté pour laisser place au concept. Il veut se différencier des autres artistes, attirer l’œil du spectateur, le provoquer. Une chose est certaine, il a réussi !
En 1922-1923, le surréalisme voit le jour. Duchamp entretient des relations avec le « Pape du surréalisme », André Breton qui dira de Duchamp qu’il est » l’homme le plus intelligent du siècle ». Lors d’un entretien de 1960, rediffusé en 2005, l’artiste s’exprime sur les querelles qui existaient au sein de ce groupe et déclare : » Je suis un des seuls à n’avoir jamais été excommunié, mais c’est difficile de m’excommunier parce que je ne signe jamais de pétitions. »[5]
Il entretenait également des relations avec le génie catalan aux célèbres moustaches, Salvador Dali. Ils se sont rencontrés dans les années 1930 et n’ont cessé de se voir en Espagne (à Cadaques), en France ou encore aux États-Unis.
Duchamp and Dalí playing chess during filming for A Soft Self-Portrait, 1966 (photograph, 21×31 cm). Photo by Robert Descharnes and Paul Averty. ©Descharnes & Descharnes sarl 2016. Archivo Fotografico Pere Vehi, Cadaques
Cette amitié fut retracée lors d’une exposition à La Royal Academy of Arts de Londres.[7] Ils avaient en commun la passion pour les échecs, le goût de l’érotisme. En 1971, Dali réalise “Jeu d’échecs en hommage à Marcel Duchamp », œuvre exposée à Dali Paris.
Dali et Duchamp ont également en commun le fait d’avoir repris de manière très humoristique la Joconde, l’un la parant de moustaches[8], l’autre glissant son visage à la place du sien.
Le peintre qui s’affirmait « anartiste »[9] a marqué l’art contemporain. Nous avons notamment en tête son urinoir, sa roue-bicyclette, sa Fontaine. Cet enfant de Blainville-Crevon s’est éteint en 1968 à Neuilly-sur-Seine.
Si vous voulez observer ses œuvres, rendez-vous par exemple au Musée des Beaux-arts de Rouen ou encore au MOMA de New-York. La présence de ses œuvres là-bas avait étonné un de mes amis lors de sa visite dans ce musée. Il m’avait même envoyé la photo d’un cartel d’une de des œuvres duchampiennes en insistant sur son lieu de naissance : Blainville-Crevon. Eh oui, je vous l’avais bien dit… la culture est présente partout… L’attachement de Duchamp à la Normandie et à Blainville-Crevon plus précisément est pareil au mien et je suis contente de vous l’avoir fait partager aujourd’hui.
[1] https://www.youtube.com/watch?v=EIbe2nyq79A
[2] Marcel Duchamp, Entretiens avec Pierre Cabanne, Paris, Somogy Éditions d’art, 1995, p 58
[3] https://www.franceculture.fr/peinture/marcel-duchamp-une-oeuvre-dart-doit-etre-regardee-pour-etre-reconnue-comme-telle
[4] https://seeallthis.com/blog/the-iconic-fountain-1917-is-not-created-by-marcel-duchamp/
[5] https://www.franceculture.fr/peinture/marcel-duchamp-une-oeuvre-dart-doit-etre-regardee-pour-etre-reconnue-comme-telle
[6] https://elzimaraki.gr/dali-duchamp-royal-academy-arts/
[7] https://www.lemonde.fr/arts/article/2017/11/27/dali-duchamp-le-sexe-et-les-echecs_5220749_1655012.html
[8] https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/c5pXdk6
[9]https://www.youtube.com/watch?v=EIbe2nyq79A